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DAKAR
Rencontrée hier, vers 10 heures, Mariama Diallo, vient de débuter sa journée dans un atelier de soudure bien aménagé. Des barres de fer rangées d’un côté, d’autres sur un endroit de l’autre côté, trois machines accrochées sur un poteau. Interrogée sur le choix de ce métier, Madame ne mâche pas ses mots : «C’est mon mari qui m’a, certes, initiée à ce métier et je l’exerce depuis 2018. Mais j’avoue que je l’ai tout naturellement adopté. C’est un choix personnel. Même si certains le jugent ‘’masculin’’, c’est-à-dire tactiquement réservé aux hommes, moi je vois les choses autrement. J’ai toujours eu cet esprit d’émancipation, je n’ai jamais accepté cette étiquette d’infériorité qu’on colle aux femmes. J’ai toujours aimé les challenges», affirme-t-elle. Malheureusement, soupire-t-elle, il y a une frange de la population encore enfermée dans la mentalité d’inégalité entre homme et femme en matière de travail. «Mais, je ne vois pas cette différence», se défend-elle.
Ceinture noire de taekwondo, Mariama a su surmonter les obstacles. Elle avoue que la soudure, comme tous les autres métiers réservés aux hommes, n’est pas facile, surtout les débuts. Mais, selon elle, on s’adapte avec le temps. «Il y a ceux qui disent que c’est pour les hommes car il nécessite beaucoup d’énergie et de force. Raison pour laquelle, beaucoup des personnes s’étonnent quand ils me voient exercer. Certains me prennent en photo à mon insu et les mettent sur les réseaux sociaux», dit-elle. Cette mère de famille soutient que la soudure rime bien avec la condition féminine. «Je suis mariée et cela n’a aucun impact sur mes tâches ménagères. C’est un travail comme les autres», argue-t-elle.
Zeina Mané est laveuse de voitures dans un garage situé sur l’avenue Bourguiba. Un seau rempli d’eau à la main, un coupon de tissu et une éponge sur l’autre main, Zeina vient de mettre au propre trois voitures et s’apprête à rallier un autre garage qui se situe à quelques encablures. Très active dans sa démarche, elle attire l’attention des passants. Elle pratique ce métier avec amour. Même mariée, elle tient à continuer. «J’étais employée dans une société de nettoyage qui ne payait pas bien. Et non seulement mon salaire était dérisoire, mais on ne payait pas mes heures supplémentaires. On coupait aussi mon salaire, même en cas de maladie. Ce qui m’a poussé à la démission et à m’adonner au lavage de voitures. Et j’avoue que je ne l’ai pas regretté», affirme-t-elle.
«Vous savez, je pratique le lavage de voitures bien avant le mariage. Et après mon mariage, mon mari avait du mal à me voir exercer ce métier. Même mes frères n’acceptaient pas mon choix. Mais j’ai toujours cru en moi. J’ai refusé de céder sous la pression familiale», ajoute Zeina qui précise que le lavage de voiture nourrit bien son homme. «Je travaille dans trois garages et mes clients me paient entre 10 et 15 mille francs le mois. Il y’a aussi ceux qui me paient par prestation journalière. Je gagne jusqu’à 15 mille par jour. Et cela me permet de subvenir à tous mes besoins et ceux de ma famille», dit-elle, ajoutant qu’il n’y a pas de sot métier et surtout qu’il ne doit pas avoir de métiers pour hommes et d’autres pour femmes. L’essentiel, selon elle, c’est de gagner dignement sa vie. «Malgré tout, je suis souvent victime de discrimination et mais je prends les choses avec philosophie», dit-elle.
(Walf Quotidien)
