ADD baisse les armes et lorgne la primature

« Après plusieurs rencontres avec le président de la République et plusieurs échanges avec mes camarades et sympathisants, j’ai décidé, au terme d’une mûre réflexion de privilégier l’unité et la cohésion, à cinq mois du scrutin présidentiel. La conséquence immédiate est le retrait de ma candidature », a déclaré, en conférence de presse  samedi dernier, Abdoulaye Daouda Diallo. Selon lui, une telle décision, avec l’aide du Tout-puissant, garantira la victoire le 25 février et la sauvegarde de l’héritage politique du Président Macky Sall.

Quel poids pour une double légitimité historique  du militant  expérimenté ?

Lors de cette rencontre avec la presse, il a aussi tenu à préciser qu’après la décision du président Macky Sall de ne pas se présenter pour 2024, il n’a pas hésité un seul instant à se présenter, se prévalant ainsi d’une double légitimité. «  Je bénéficie de la légitimité du suffrage universel qui m’a permis d’être élu député au scrutin majoritaire départemental et maire de la commune Bokké Dialloubé, à chaque fois que le devoir m’appelait. Je dispose aussi de la légitimité de l’expérience gouvernementale acquise à la tête de ministères stratégiques. Ces postes de responsabilité m’ont permis d’être pendant plus de 11 ans au  cœur de l’action gouvernementale au service exclusif de nos concitoyens », a  argumenté le militant de la première heure de l’Alliance pour la république(Apr). C’est fort de cette double légitimité capitalisée qu’il avait rendu publique sa candidature à la candidature de Benno bokk yakaar(Bby).Toutefois, à l’en croire, il ne fallait donner aucune chance, en ces temps troubles,  aux « entrepreneurs du chaos qui n’ont pour but que de défaire ce que nous avons construit avec patience, abnégation et pugnacité ». C’est devenu clair : A.D.D rentre dans les rangs et va soutenir Amadou BA le « choix de la majorité au pouvoir  pour la  prochaine élection présidentielle », même s’il a évité soigneusement de prononcer le nom  de son éternel rival.

Décision dictée par la real politik (rapport de forces) ou par une tentative de repositionnement de l’actuel président Conseil économique social et environnemental (Cese) pour mieux aborder le virage post Macky Sall ?  En tout cas, selon plusieurs sources,  le poste de Premier Ministre devrait lui échoir après son retrait de la course pour la présidentielle de février prochain. Mais, cette candidature pouvait-elle vraiment peser dans la balance, s’interrogent nombre d’observateurs politiques ? Ă la vérité,  cette «  rébellion » avait peu de chance de prospérer. La faute à la faiblesse du portage  local et de l’impréparation de ladite candidature. Si le maire de Boké Dialloubé peut revendiquer une légitimité historique et un soutien supposé de certains caciques de l’APR (Alliance pour la République) et de cercles influents tels des familles religieuses, il n’a pas pu compter sur les « éminences grises «  de son terroir. Coordonnateur départemental de Bby /Apr à Podor depuis plusieurs années, ayant dirigé pas de mal de ministères stratégiques, les populations ne cessent de lui reprocher de n’avoir jamais pu promouvoir des cadres du terroir au niveau stratégique. Les rares qui ont eu à bénéficier de la générosité de ce dernier ont été choisis comme chargés de mission ou conseillers techniques constatent ces mêmes observateurs politiques   .A ce jour, aucun cadre  du département, n’a encore été promu à un pote de Directeur Général d’une société ou d’une entreprise, encore moins au poste de Pca Président de conseil d’administration ou nommé Préfet renseignent des cadres du département. Ce, au même moment, il est reproché au Président du Cese de s’être fait de nouveaux amis qui n’avaient plus de base politique, et qui conduisaient sa candidature au poste présidentiel, au détriment de ceux-là qui lui ont  toujours accompagné et l’ ont conduit à toutes les victoires remportées lors des joutes électorales  ;Ces derniers d’ailleurs pensent, que cela va changer durant son magistère à la primature. C’est à dire, qu’il saura promouvoir ces nombreux cadres qui ont eu à l’accompagner pendant 12 ans  passé au pouvoir . Ce hiatus l’a beaucoup desservi  dans son entreprise de conquête de la magistrature suprême.  Dés lors, il n’a pas été surprenant de constater le faible engouement suscité par sa candidature.

Le revers de la « marginalisation » des cadres du terroir

« De solides soutiens dans l’essentiel des 22 collectivités décentralisées recensées dans cette partie du Fouta dont les résultats aux dernières  élections, notamment législatives avaient  été déterminants dans  la victoire de  Benno bokk yakaar(Bby) à l’échelle nationale,  auraient permis de mieux faire valoir la candidature de A.D.D », font remarquer des leaders politiques du département. Quid de son avenir politique ? Il reste intact à l’aune de la confiance et de la proximité dont il jouit auprès du Président Sall, ajoutent nos interlocuteurs qui estiment que la tête de file de la coalition Bby/Apr est toujours le maitre du jeu et des horloges politiques.  Mais, pourra t-il s’appuyer sur  toutes les forces vives de ce terroir, dont les cadres ? Rien ne peut être exclu a priori si l’on en juge par le très fort probable repositionnement  à la station primatoriale. Cette migration vers la Primature pourrait lui permettre de rebattre les cartes en tant que chef du gouvernement et «  ressusciter » ses anciens soutiens locaux.

Abou KANE