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Att, Habré, Amadou Ahidjo: Dakar, terre de refuge de Présidents déchus

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L’ancien Président malien Amadou Toumani Touré (ATT), décédé mardi dernier, avait trouvé refuge au Sénégal suite au coup d’État qui l’avait renversé le 22 mars 2012. Une occasion saisie par « Le Soleil » pour revenir sur l’histoire des Chefs d’État africains qui ont eu à s’exiler à Dakar. 

Il n’est pas le seul dans le lot des Présidents africains qui ont choisi Dakar comme terre de refuge, mais certainement parmi les plus célèbres. Général à la retraite élu Président en 2002 et réélu en 2007, Amadou Toumani Touré dit « ATT » avait été renversé, le 22 mars 2012, par des militaires qui l’accusaient d’incurie face à la rébellion dans le nord du pays. En avril 2012, il avait ensuite formellement démissionné, puis quitté le Mali pour Dakar avec sa famille. Ce départ a été rendu possible suite à un accord entre le chef de l’ex-junte, le capitaine Amadou H. Sanogo, et la médiation ouest-africaine. Exilé en terre sénégalaise, ATT a été menacé d’un procès pour « haute trahison » au Mali, à la suite notamment d’accusations du pouvoir en place, en décembre 2013. Mais, en décembre 2016, l’Assemblée nationale avait rejeté, à une écrasante majorité, l’ouverture de poursuites contre lui. Le 25 décembre 2017, soit cinq années plus tard, Amadou Toumani Touré retourne à Bamako où il a été accueilli par le Gouvernement d’Ibrahima Boubacar Keïta. Quelques mois plus tard, il reprendra le chemin de l’exil vers Dakar, avant un retour définitif au Mali en décembre 2019. Il a rendu l’âme ce 10 novembre 2020 en Turquie.

Habré et le Camp pénal de Dakar 

Mais, avant ATT, l’ancien Président tchadien Hissène Habré (1982-1990) déposait ses valises dans la capitale sénégalaise. Nous sommes en fin 1990. Ce, après avoir été renversé, le 1er décembre de la même année, par le général Idriss Déby Itno. Mais, contrairement à ATT, son exil ne sera pas de tout repos. Car près de 15 années plus tard, l’ancien homme fort de Ndjamena fut placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête sur les crimes contre l’humanité durant son magistère. Son procès s’est ouvert à Dakar conformément à un accord signé, le 19 décembre 2012, entre les autorités sénégalaises et l’Union africaine (Ua) et permettant au Sénégal de prendre les mesures nécessaires pour cette procédure judiciaire. Les autorités sénégalaises avaient également signé un accord de coopération judiciaire avec le Tchad en vue de faciliter la circulation des magistrats et leur permettre de communiquer avec les parties concernées par le dossier. En mai 2016, il est condamné à perpétuité par les Chambres africaines extraordinaires (Cae). Ce jugement sera finalement confirmé, en avril 2017, par la Chambre d’appel du Tribunal spécial africain siégeant à Dakar.

Amadou Ahidjo, de Yaoundé au cimetière de Yoff

Parmi les Chefs d’État africains qui se sont réfugiés à Dakar, il y a également Amadou Ahidjo du Cameroun. Premier Président de ce pays après les indépendances, en 1960, il annonça, le 4 novembre 1982, contre toute attente, sa démission pour raison de santé. Suivant les dispositions constitutionnelles, le Premier ministre Paul Biya, âgé alors de 49 ans, lui succéda. Mais, suite à deux condamnations à mort par contumace pour atteinte à la sûreté de l’État, alors qu’il séjournait entre la France, l’Espagne et le Sénégal pendant ces événements, il ne rentra jamais au Cameroun et s’installa définitivement au Sénégal où il est décédé d’une crise cardiaque le 30 novembre 1989. Il repose, depuis lors, au cimetière musulman de Yoff. Si un retour sur ses terres de Garoua avait été évoqué en 2010, une telle éventualité ne semble plus d’actualité. En cause, la demande de sa veuve, Germaine. Souhaitant des funérailles officielles, elle s’est heurtée à une fin de non-recevoir de la part de l’actuel Président camerounais. Selon le Professeur Ibou Sané, si beaucoup de Chefs d’État déchus choisissent le Sénégal, c’est parce que c’est une terre d’accueil et d’ouverture qui respecte les droits de l’Homme. « Au Sénégal, les étrangers sont bien intégrés ; ils sont bien traités sauf pour ceux-là qui s’activent dans des pratiques illicites », dit-il, estimant que notre pays est l’Union africaine, l’Uemoa et la Cedeao en miniature. « Le Sénégal accepte l’intégration », ajoute le spécialiste en sociologie politique. À l’en croire, ce « rayonnement sur le plan international » est le fruit de la politique initiée aux premières années de l’indépendance par le premier Président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor, qui prônait « l’enracinement et l’ouverture ».

Le Soleil

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