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DAKAR
Par ces temps de maladie que les experts et spécialistes hésitent à appeler les uns épidémie, les autres pandémie, les propagateurs de rumeurs et de fausses informations clament haut leurs certitudes à travers des canaux sérieux vite relayés par les réseaux sociaux. Depuis le 25 février, un certain professeur de médecine français, Didier Raoult, affirme que la maladie préoccupante à travers le monde et causée par le coronavirus et qui agite le monde entier serait curable par la chloroquine dont les jeunes générations ne savent pas ce que c’est. J’ai eu, de manière sommaire, à demander à des jeunes s’ils savent ce que c’est que la chloroquine qui sauva de la mort par le paludisme des millions de personnes à travers le monde. C’était au siècle dernier – précisément fin années 20-début années 30. Et voilà que la molécule est devenue inefficace et que le produit ne se fabrique plus et dut être abandonné comme antipaludique depuis plus de vingt ans, selon le parasitologue sénégalais, Pr Daouda Ndiaye, qui a lancé une alerte à destination du monde entier.
La presse a relayé l’appel et certainement contribué à éviter les faux-espoirs et les méditations inutiles. «Il nous faut (…) faire très attention à ce genre de message car, nous sommes des scientifiques et nous contrôlons toutes ces informations», écrit le Pr Ndiaye sur sa page Facebook. Nous devons rester scientifiques à tous égards si on veut efficacement éteindre cette épidémie. «Nous insistons pour dire que certaines de ces chaînes européennes et leurs “scientifiques” qui s’y prononcent ne sont pas crédibles, parce qu’ils sont très tatillons sur ces questions qu’ils ne semblent pas maitriser. Alors attention aux vendeurs d’illusions», prévient le parasitologue qui sait bien de quoi il parle.
La presse devrait écouter des voix comme la sienne. Et éviter de trop être le champ des polémiques politiciennes sur faut-il ou non rapatrier les étudiants sénégalais pris dans la mesure de mise en quarantaine de la ville chinoise de Wuhan, un des foyers de la propagation de la maladie. Cette polémique amplifiée par la presse qui reprend déclarations et communiqués semble s’estomper depuis qu’est annoncé comme foyer potentiel de propagation le Nord de l’Italie où vit une importante colonie d’émigrés sénégalais dont personne ne réclame le rapatriement, à l’instar de la demande concernant les étudiants sénégalais à Wuhan.
Une épidémie, c’est un phénomène trop important pour inspirer de la querelle politique – politicienne, pourrait-on même dire. «Rapatrier sans base scientifique valable», comme dit le Pr Ndiaye. Il nous a fallu beaucoup communiquer, scientifiquement et médicalement pour faire comprendre aux Sénégalais et aux Africains pourquoi le rapatriement n’était pas la solution immédiate. Le temps est le meilleur juge et la Science ne ment pas. On a vu aujourd’hui qui avait raison. Voilà.
Et pour ajouter plus de poids encore, le journaliste sénégalais Alioune Ndiaye, directeur des chaînes de télévision Diaspora 24 et Africa 7, informe qu’«en Italie, toutes les personnes déclarées mortes du coronavirus avaient aussi d’autres pathologies et étaient, généralement, du 3e âge». En voilà encore ! Voilà comment une «information juste et vraie» contribue à relativiser, voire à mettre au rencart des «vérités» qui connaissent trop d’«infortunes» pour en être, au bout du compte. C’est de cela qu’ont besoin les populations d’ici et d’ailleurs qui, légitimement, redoutent cette maladie dont la thérapie et la prévention restent, pour le moment, incertaines. Et l’information recueillie et diffusée de manière responsable peut apporter plus de sérénité. Et de prudence aussi.
Jean Meïssa DIOP
