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Cité Est-Foire, derrière station Touba Oil, Immeuble B, Bloc 22
DAKAR
Rien n’a visiblement changé sur la baie de Hann, s’étalant sur près de 15 kilomètres à perte de vue. Les saletés restent fidèles au sable blanc de la plage qui perd sa couleur. En certains points, sous les pieds, l’eau verdâtre sort en trombe pour se déverser dans la mer. «Cette eau vient du réservoir de la zone de captage», informe Mbacké Seck, membre du réseau de la baie de Hann. «C’est de l’eau usée non traitée et directement versé dans la baie de Hann», explique-t-il. Pendant l’hivernage, cet espace est inaccessible à cause de la quantité du liquide qui vient se déverser sur cette plage calme au sable blanc fin. Au canal 6 de la baie, on fait ce qu’on peut pour filtrer les saletés en fixant un dégrilleur dans les canaux menant à la mer. Des chiffons rejetés par les eaux offrent un décor bigarré. Ces haillons se retrouvent à leur point de chute. Mais les dégâts sont minimes comparé à Yarakh, riverain, ou des tas d’immondices s’entassent sur la bande de sable, sous le regard impuissant des pêcheurs et des femmes transformatrices.
Maladies, avortement, problèmes de vue…
A Mbao, riverain de la baie, une vaste étendue de flaques d’eau polluée installe ses bassins entre les touffes d’herbe. Ici, ça pu l’ammoniac ! Mais il y a des produits plus dangereux, avise d’emblée le guide. A cause de ces parfums toxiques, les riverains craignent pour leur santé. Les maladies, problèmes de vue, d’avortement sont récurrents dans le rayon de ces usines. Pour éviter le mal, les populations sont parfois obligées de pousser par elles-mêmes ces eaux vers la mer. Ici à Mbao, par la voix de Omar Ndao, les populations craignent que l’installation d’une station d’épuration, prévue dans le cadre du projet de la baie de Hann, menace leur santé à cause de la grande quantité d’eau et produits qui vont se jeter dans la mer. Et qui risquent, avec l’avancée de la mer, de retourner vers les riverains. «Cela menace l’existence de Mbao», préviennent-ils.
L’odeur du poisson embaume l’atmosphère. Les déchets solides s’entêtent au fond des eaux. Il faudrait 65 ans à certaines de ces saletés pour fondre dans l’eau. Qui ont pollué certains points de la côte. La pollution a fini de tuer les coquilles. Un amas git sur la berge, sous la cheminée des usines qui jettent des eaux usées. C’est le cas à Hann Montagne. Balayée d’un regard, en contemplant l’eau noirâtre à cause de l’huile des mécaniciens, la baie est un port naturel sur cette étendue grise calme. Pas un ressac, un vrai paradis si cette place était encore plus propre. Que nenni ! Il faudra encore nettoyer des années pour retrouver le paradis perdu.
Zone protégée, la baie est le réceptacle des eaux usées. Il ne faudrait pas aller plus loin pour trouver les pollueurs. L’eau usée s’y déverse 24 heures sur 24. Pendant que les riverains font des lieux leur déversoir naturel. Une portion de la plage renseigne à suffisance sur le mal de cette berge, partagée par plusieurs communes. Qui espèrent que le projet de la baie de Hann va rendre cette partie de la côte sénégalaise respirable. Le projet qui visait quatre communes au départ concerne aujourd’hui 17. Le coût passe de 33 à 95 milliards FCFA. Des changements qui soulèvent des interrogations de la part des résidents.
WALF
