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COP26: les avancées annoncées suffiront-elles à faire un bon bilan?

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Après deux semaines de discours et de négociations, la COP26 à Glasgow, en Écosse, doit prendre fin ce vendredi 12 novembre. Mais il est probable que les négociations se poursuivent pour aboutir à une déclaration commune des 196 États représentés sur place. Si le texte final n’est pas encore bouclé, des avancées sont déjà saluées, même si elles ne suffiront pas à éviter les pires impacts du changement climatique.

Les Britanniques, hôtes de l’évènement, se sont démenés pour en faire un succès. Le slogan « charbon, voitures, financements et arbres », répété à de nombreuses reprises par le Premier ministre Boris Johnson et le président de la COP, Alok Sharma, s’est décliné en une avalanche d’engagements. Lutte contre la déforestation, diminution des émissions de méthane, finance plus verte, engagements à renoncer aux centrales à charbon et à arrêter de financer les énergies fossiles, à cesser les explorations gazières et pétrolières, ou à passer aux voitures 0 émission de gaz à effet de serre…

Mais toutes ces annonces ont été parfois survendues. « Ces engagements manquent de concret », explique Marine Pouget, du Réseau action climat qui regroupe plusieurs ONG de défense de l’environnement. « Rien n’est dit sur la manière dont ils vont atteindre leurs objectifs, ou alors ce ne sont que de petits groupes de pays et d’entreprises qui signent ces accords et ce n’est pas suffisant. Et souvent ces objectifs ne mènent pas à l’action immédiate or, on a besoin d’agir maintenant. »

Adaptation et financement

Même si elle reste dubitative, l’activiste note toutefois des avancées : « L’annonce qui nous semble la plus encourageante est celle où une vingtaine de pays, dont les États-Unis et le Canada, s’engagent à ne plus financer les énergies fossiles hors de leurs frontières dès l’an prochain. C’est la première fois que le pétrole et le gaz sont intégrés. C’est beaucoup d’argent qui pourrait être redirigé vers les énergies renouvelables. »

Marine Pouget regrette surtout que ces accords ne concernent que « l’atténuation » du changement climatique, c’est-à-dire la simple diminution des gaz à effet de serre, et pas assez les besoins « d’adaptation » des pays face aux catastrophes climatiques qui ont déjà lieu, voire les besoins de réparation après des « pertes et dommages » irréversibles comme les destructions après un cyclone ou une famine et des morts après une sècheresse par exemple.

Une meilleure prise en compte des efforts d’adaptation nécessaires est d’ailleurs une grosse demande des pays en voie de développement. Pour faire face, ils réclament une aide financière de la part des pays riches qui sont aussi les plus gros pollueurs et donc les premiers responsables du changement climatique.

Promesses non tenues

À ce titre, la promesse de réunir chaque année 100 milliards de dollars pour aider les pays les plus pauvres est un échec. Il manque toujours 20 milliards. Cette question est d’ailleurs un des points de crispation entre pays du Nord et pays du Sud, comme l’explique Seyni Nafo, porte-parole des négociateurs des pays africains : « Il y a toujours des tensions ! Pour les pays africains, la mobilisation de ces 100 milliards aurait dû être effective en 2020, ce n’est pas le cas. Maintenant, nous voulons que des engagements soient pris pour que cela soit réglé dès l’année prochaine. »

Et alors que les négociations sont dans leur dernière ligne droite à Glasgow, il mise sur les États-Unis. « Il faut prendre en compte le fait que les États-Unis se soient retirés de l’Accord de Paris pendant quatre ans [sous la présidence de Donald Trump, ndlr]. Si les États-Unis étaient restés dans l’accord, on aurait dépassé les 100 milliards. Ils sont de retour et il y a une nécessité de faire du rattrapage. »

Seyni Nafo reste toutefois optimiste sur l’issue de cette COP. Car des pays comme l’Inde, la Russie, la Turquie, ou le Nigeria ont enfin annoncé viser la neutralité carbone d’ici 2060 ou 2070, c’est-à-dire ne pas émettre plus de CO2 qu’ils ne peuvent en absorber. « C’était impensable, il y a quelques mois », de la part de ces nations d’habitude critiquées sur leur manque d’ambition climatique, se réjouit l’ambassadeur. Autre point positif selon lui, la possibilité que chaque pays puisse présenter de nouveaux engagements, plus ambitieux, chaque année au lieu de tous les cinq ans, fait son chemin dans les négociations. Mais rien n’est gagné, les États-Unis en particulier y restent peu favorables.

Impact catastrophique du réchauffement

Alors que chaque dixième de degré est crucial, est-ce que les engagements des pays réunis à la COP vont suffire pour limiter le réchauffement climatique à + 1,5 degré, comme le prévoit l’Accord de Paris ?

Même si la COP n’est pas tout à fait finie, l’objectif ne sera pas atteint cette année encore, sauf grosse surprise lors des dernières négociations. Avant le début de la COP, en l’état des engagements et des mesures déjà prises, les Nations unies estimaient que le réchauffement d’ici à la fin du siècle était de + 2,7 degrés par rapport au début de l’ère industrielle. Selon les estimations, en prenant en compte les nouvelles promesses faites ces 15 derniers jours, le réchauffement se limiterait désormais à + 2,2 ou + 2,4 degrés.

Finalement, sur certains points, cette COP a déjà permis de faire avancer quelques dossiers, avec des engagements majeurs pris par certains pays, mais qui restent insuffisants en ce qui concerne le financement de la transition climatique ainsi que pour limiter le réchauffement et éviter les catastrophes à venir.

RFI

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