Covid-19 : Les agences de voyage broient du noir

Avenue Blaise Diagne. Sur les deux voies qui mènent vers le bureau de La Poste de la Médina, à quelques jets de pierre du stade Iba Mar Diop, une grosse affiche flotte sur le balcon d’un immeuble R+3. Sur ce bâtiment, on peut lire : «Conseils et vente de billets d’avion vers toutes destination». En bas, sur le rez-de-chaussée du bâtiment, une porte en vitre teintée avec des annonces et des photos de la «Kaaba», la Tour Eiffel, le statut de la Liberté aux Etats-Unis avec un avion qui survol avec un ciel bleu face à la route. A l’intérieur deux dames derrière une table de bureau séparée par une vitre transparente pianotent sur des ordinateurs. «Les clients ne viennent presque plus. Nous avons noté une baisse de 70 % de notre chiffre d’affaires depuis que le coronavirus est arrivé au Sénégal. C’est très difficile pour nous. Parce que nous avons des charges à honorer à la fin du mois, notamment le loyer, les salaires du personnel, les factures d’eau, d’électricité et l’internet», se lamente Abdoulaye Diop, propriétaire de ladite agence de voyage. Ce dernier soutient que leur secteur a été complètement fragilisé et risque même la faillite, à cause de cette pandémie. Parce que, avance-t-il, beaucoup de leurs clients qui avaient appelé pour des réservations ont annulé. Et du coup ils sont obligés de rembourser leurs billets. Ne cachant pas son inquiétude, M. Diop révèle que si cela continue et que la situation ne s’améliore pas, ils risquent tout bonnement de fermer boutique. «Nous craignons beaucoup et risquons même d’aller tous en faillite», ajoute-t-il.
Les mêmes conséquences se font aussi sentir au niveau de cette autre agence établie en face de la Place de l’Indépendance, en plein cœur de Dakar. Le gérant trouvé sur place confie qu’il ne voit presque plus de clients comme auparavant. Selon lui, l’apparition de la pandémie du coronavirus Covid-19 n’est pas pour arranger leur activité qui tourne en ce moment au ralenti. Pis, il déclare que les clients ne se bousculent plus, et le téléphone ne sonne plus pour les réservations de billets d’avion. L’agent explique que bien souvent, les voyageurs hésitants choisissent de retarder leur voyage, ce qui nécessite de modifier les réservations auprès des compagnies aériennes. Des changements d’horaires qui de son avis, impactent leurs gains. «Les affaires vont mal. On n’a annulé tous les dossiers sur le Maroc en ce moment. Parce que nous avons reçu un courrier, hier, nous informant que le Maroc a suspendu pour le moment tous les vols en provenance du Sénégal. C’est un énorme manque à gagner pour nous parce que nous avons beaucoup de clients qui voyagent sur Maroc», regrette-t-il.
Autre agence, même constat. Sur l’Avenue Bourguiba, à quelques mètres des deux stations d’essence de Castor, une autre agence se découvre. De grosses affiches attirent l’attention des passants. Le personnel trouvé sur place continue de se tourner les pouces en attendant des lendemains meilleurs. L’oreille collée sur le combiné du téléphone fixe de son bureau, une employée tente de convaincre au bout du fil un client. Après quelques minutes de patience, elle raccroche finalement le téléphone avec une mine qui en dit long sur son inquiétude. Et puis se convie à nous : «Je discutais juste avec un fidèle client. Avec la situation du coronavirus qui ne cesse de s’aggraver en France, il voulait rester un peu au Sénégal le temps d’y voir plus clair. Et nous, notre rôle c’est de le convaincre. Parce que s’il annule, ça me fait un sacré trou sur mes recettes», confie-t-elle.

WALF