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DAKAR
De l’agriculture à l’élevage en passant par la microfinance solidaire, le défunt édile de la commune de Démette, disparu à l’aube de ses 50 ans, avait très tôt engagé les populations locales sur la voie de l’auto promotion économique et sociale. Abdoulaye Elimane Dia, appelé affectueusement ‘Kalaajo’, profondément attaché au développement de son terroir, s’y est évertué à jeter les bases d’une véritable émergence économique. A la faveur de la mise en œuvre plusieurs micro projets de développement agricole (riziculture, horticulture, embouche bovine etc) et d’activités génératrices d’emplois et de revenus, cet homme de consensus et d’une ouverture d’esprit appréciée, a organisé et appuyé les forces dynamisantes des terroirs villageois. C’est ainsi que nombre de groupements féminins et d’organisations de jeunes ont pu bénéficier de son appui –accompagnement pour concrétiser des initiatives locales de développement économique et social. Dans le but de fédérer toutes ces initiatives porteuses de progrès économique et social, et d’œuvrer à l’atteinte d’économie d’échelle, il s’attela à la mise sur pied d’un large cadre de concertation et d’échanges entre les forces vives des terroirs. L’Alliance pour le développement et l’émergence du département de Podor (ADEP), véritable creuset des problématiques de développement de cette contrée du Nord du Sénégal, vit ainsi le jour.
Kalaajo : entre altruisme et culte du travail
Fondateur de Fortune Capital, un holding actif dans plusieurs domaines dont l’immobilier, la grande distribution, l’agrobusiness, la logistique maritime et les médias, ‘Kalaajo’ fut à la fois un bâtisseur et un mécène. « Feu Abdoulaye Elimane Dia, c’est cette volonté inébranlable de servir les autres, leur cause. C’était sa passion. Il avait toujours le sentiment qu’il devait donner à tout le monde », confie ce natif de l’Ile A morphil conseiller municipal qui a bien connu l’homme. Selon lui, Kalaajo qui vouait un amour sacerdotal à sa communauté et à son terroir, a réussi la prouesse d’inculquer une philosophie du travail à sa communauté. Mieux, à en croire notre interlocuteur, le défunt opérateur économique qui combinait deux qualités majeures à savoir la générosité et le sens des affaires, était aussi un fervent adepte du travail, du travail bien fait. Et de rappeler : «Il a toujours pensé que le Fouta Toro avait tous les atouts pour devenir la Californie du Sénégal. L’agrobusiness, il y croyait fermement. D’où son investissement personnel dans les SIPA (sociétés d’intensification de la production agricole), un modèle innovant promu par le PRODAM (projet de développement agricole de Matam). Entre contractualisation commerciale et appui à la production, son entreprise d’agrobusiness a permis à de nombreux petits producteurs horticoles de vivre de leur principale activité ».
Une œuvre utile, mais sous valorisée…
Assurément, l’œuvre de ce bâtisseur aux allures de ‘self made man’, et guidé par son flair et ses convictions, est monumentale, utile. Leader charismatique solidement chevillé aux valeurs culte du travail et du partage, il avait fini de s’imposer comme l’un des acteurs majeurs de la vie économique et même politique au Fouta Toro. Sans tambour ni trompette, ‘Kalaajo’ avait tracé son sillon, loin des strapontins du pouvoir. C’est l’image de cet homme que retiennent aussi bien sa communauté que les nombreux bénéficiaires de ses appuis et autres projets de développement qu’il eu à initier au Fouta et, particulièrement dans le département de Podor. Singulièrement, pendant son magistère à la tête de la commune de Démette, il avait réconcilié, par son sens de l’écoute et du dialogue, les clivages et autres appartenances partisanes autour du développement de ladite collectivité territoriale. Léguant à son successeur un espace de confort tourné vers la résolution des préoccupations des populations locales.
Deux ans après son rappel à Dieu (un triste soir d’août 2021), que reste t-il de son immense legs ? Le meilleur hommage à lui rendre serait de s’inspirer de son œuvre, de perpétuer son héritage afin de relever les défis en souffrance. Mais, à la vérité, les populations locales restent toujours nostalgiques. Et pour cause, l’œuvre de ‘Kalaajo’ attend toujours d’être valorisée, fructifiée. Les héritiers en ont-ils la carrure, se demandent les jeunes de Démette, un tantinet pessimistes ? En tout cas, une chose demeure sûre : ce n’est plus le même engouement autour de la problématique du développement local. Entre querelles politiques et batailles de positionnement, l’émergence économique et sociale de la contrée, semble être ravalée au second plan, ajoute-t-on.
Abou KANE
