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La livraison express, un secteur en pleine vitesse

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Le business de la livraison à travers des motos ne s’est jamais aussi bien porté. Pour cause, la demande des clients va croissant et enclenche de nouveaux schémas de distribution, créant de fait des mutations, dans un secteur, en plein essor.

En moto, ils sillonnent les rues de Dakar. Les coursiers ou livreurs se faufilent entre les voitures, pour livrer particuliers et entreprises, en un temps record. Impossible de les rater! Si le business fait florès, le travail exige des sacrifices et un don de soi. Entre les risques d’accident et les malfaiteurs qui en veulent parfois à leur équipement (casques, motos…), les livreurs ont conscience que leur métier n’est pas de tout repos. Cette réalité ne remet nullement en cause leur détermination. Samba Seydi, 27 ans fait partie de ces jeunes qui ont fait sien, le travail de livraison. A bord de sa moto, le jeune homme sillonne quotidiennement les coins et recoins de la capitale sénégalaise. Des courses monnayées, en fonction de critères bien définis: distance, poids de colis et heure de livraison. «Je ne me déplace pas pour moins de 2000 F Cfa la course. Ce prix est le minimum», relève t-il. Il est pratiqué dans les petites distances. Dés lors qu’il s’agit de sortir du centre ville et ses alentours, pour se rendre par exemple, en banlieue, le jeune homme avoue ne pas demander moins de 5 milles francs. Ce prix est pratiqué pour les particuliers. Les entreprises qui font appel à ses services devront débourser plus. Samba se définit comme un «coursier indépendant». Il arrive toutefois qu’il passe un contrat avec des entreprises. «Dans ces cas, je me mets à leur disposition, pour une durée bien déterminée. L’entreprise paie le carburant, j’amène ma moto et effectue des courses. Ce genre de contrat n’excède pas d’habitude quinze jours. Je suis payé après service», relève t-il. Selon lui, «les prestations annexes sont meilleures car elles rapportent plus, toutefois, les entreprises sont plus exigeantes. Le client doit être satisfait».

Des intermédiaires

De nouveaux acteurs viennent «disputer» le secteur, s’instaurant en intermédiation entre expéditeurs et coursiers indépendants. C’est le cas de Mbaye. Il met à la disposition des coursiers son carnet d’adresses, en leur transférant des courses et ceux-ci lui versent en retour 500 F Cfa pour chaque course. Toutes ces nouvelles sont plutôt bonnes pour le consommateur. L’offre étant multiple cela se répercute aussi sur les prix pratiqués. Omar gère une boutique de vente d’habillements à Sicap Mbao. Son approche consiste à poster sa marchandise sur les réseaux sociaux. Une fois intéressés, ses clients passent commande et Meissa fait appel à un de ses livreurs attitrés qui se chargent d’acheminer la marchandise, à destination. En moyenne, il dit effectuer quotidiennement cinq courses. «Nos clients réalisent aussi que, pour des prestations régulières efficaces, il faut payer un certain prix». Le prix de la livraison est alors inclus sur la marchandise.

Changement des habitudes

Se faire livrer est devenu un réflexe. Ce changement de consommation bouleverse les habitudes. Une culture du «je veux tout de suite, sans effort» se propage. Massaer, 26 ans est livreur à ses heures perdues. Titulaire d’un Master en Transport Logistique, le jeune homme peine à trouver un travail stable. Après plusieurs stages qui ne se sont pas soldés par une embauche, il décide d’acheter une moto et de s’adonner à la livraison, «en attendant de trouver mieux».
«L’augmentation des commandes en ligne de produits s’est accentuée durant la crise sanitaire. Ce système a permis à de nombreux consommateurs de découvrir ce concept qui existe pourtant déjà depuis un moment. Cette tendance s’est progressivement imposée, des consommateurs ont opté pour cette nouvelle façon de consommer», relève-t-il très regardant sur les enjeux d’un nouveau marché à fort potentiel. Massaer sillonne quotidiennement entre la zone des parcelles Assainies et la capitale. «En fin de journée, il m’arrive de gagner parfois 15 milles, le minimum de revenu quotidien est de 5000 F Cfa», souligne t-il. Dynamisés par la hausse des commandes et la venue d’une nouvelle clientèle pendant le confinement, certains acteurs de la livraison se positionnent, pour se différencier. L’idée : fidéliser des consommateurs.

Moussa confirme cette thèse, selon lui, il a «fidéliser la majeure partie de sa clientèle durant la période du couvre feu et le télétravail où les professionnels faisaient souvent appel à lui», relève t-il. Moussa s’est depuis lors organisé. Il a augmenté son parc de motocyclettes de 2 à 10. Ses livreurs suivent une formation, portent un uniforme, sont affiliés à des clients en particulier, livrent à heure fixe. Moussa qui a professionnalisé son activité relève que cette croissance importante résulte d’un profond changement des habitudes de consommation. «Le soir quand vous rentrez chez vous et que vous ne souhaitez pas sortir, trois options s’offrent à vous: attendre le lendemain, renoncer ou se faire livrer.», relève t-il tout sourire.

Marché ouvert

Depuis quelques années, le marché de la livraison fait recette. Plus besoin de se déplacer pour aller faire des achats. Il suffit d’un clic ou un coup de téléphone et vous voilà livrer à domicile. Le marché aiguise dès lors les appétits. Grâce aux réseaux sociaux et à l’utilisation massive des Smartphones les livreurs sont très accessibles. «Le business évolue de mieux en mieux. Les chiffres sont satisfaisants. Nous avons atteint les 5 livraisons par jour…», nous explique Moussa. «Les meilleurs jours se soldent parfois à 8 livraisons» par moto.

Réduction des délais et l’amélioration de la qualité de service seraient donc les deux facteurs qui expliqueraient la fulgurante croissance du marché de la livraison. En revanche, il reste microscopique par rapport au marché étranger. «Ailleurs, ce sont des milliers de livraisons qui passent chaque jour. Ici c’est à peine quelques centaines sur la journée», déplore Massaer qui mise quand même sur des données objectives, lui permettant d’afficher un optimisme pour la suite. Il ambitionne de devenir un acteur de référence dans son domaine. Pour lui, le point d’espoir est que les habitudes du consommateur changent rapidement. «Les habitudes d’achats du consommateur ont drastiquement changé. Aujourd’hui, tout est digitalisé, et les gens sont devenus dépendants de leur téléphone. Nous l’avons compris. Et nous parions sur cela».

Un périlleux job

«C’est un métier exigeant. Nous travaillons aux heures de pointe où la circulation est infernale, parfois jusqu’à très tard, avec le lot de dangers qu’apporte la nuit», raconte Adama, jeune étudiant qui a fraîchement rejoint une plateforme de livraison. «C’est vraiment une course contre la montre. Nous devons être rapides et ponctuels à chaque sortie. Et pour nous en sortir financièrement, nous devons faire un maximum de portages par jour», témoigne-t-il. Son collègue Youssou 28 ans, livreur depuis 3 ans apporte plus de détails sur ce métier: «Nous travaillons avec nos propres moyens. Chaque livreur doit disposer de sa moto, son téléphone, payer les frais de carburant et réparer sa moto en cas d’accident». Côté rémunération, il ne se plaint pas avec souvent des commissions en plus du prix convenu de livraisons. Nous vivons de la générosité des clients, note t-il. Cette générosité combinée à sa détermination de s’activer lui apporte en moyenne 180. 000 F Cfa mensuel. Pas de congés, pas d’assurance maladie, pas de contrat, pour lui, c’est un travail d’appoint dans lequel il ne souhaite pas s’éterniser.

Le Soleil

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