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Ministère des Finances et du Budget

Quotidien national Le Soleil : virée pour avoir…toussé et éternué

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L’atmosphère est délétère à la Sspp Le soleil. En cause : les licenciements et affectations jugées «arbitraires» dont des agents de ladite boîte ont été victimes depuis la nomination de Yakham Mbaye à la Direction générale du quotidien Le soleil,iil y a deux ans. La dernière victime, Mme Fatou Ly Sall Croquette a été virée le 23 mars dans des circonstances pour le moins insolite. Suspectée d’être atteinte… du Covid 19, elle a été contrainte par le Dg du journal, de quitter les lieux pour aller se faire dépister. Ordre auquel elle a refusé d’obtempérer. Résultat : une lettre de licenciement pour trois fautes lourdes : refus d’exécuter un ordre donné par le supérieur hiérarchique, insubordination et défiance envers le Directeur général et pertes de confiance.

Après 17 années de présence au Soleil, Mme Croquette devient ainsi la troisième victime de la direction du Soleil, après les licenciements du correspondant régional à Diourbel, Serigne Mansour Cissé, et d’un agent du bureau de la Publicité et du Recouvrement de «Soleil Vdn». Pour l’instant le Dg du Soleil campe sur sa position alors que la crise couve et que la direction du personnel entend s’aligner derrière celle qui est chargée des Grands comptes au niveau de la comptabilité du Soleil (voir encadrés).

 

Les faits

Les faits, rapportés par Mme Fatou Ly Sall Croquette, s’exposent de manière succinct: «Je suis arrivée à mon bureau le lundi 23 mars avant 8h00. La femme de ménage était en train de nettoyer. Comme j’ai des allergies à la poussière, j’ai toussé deux fois et éternué aussi deux fois. Avec ma collègue de bureau nous avons alors plaisanté sur le Covid-19. On en a rigolé et je lui ai répondu qu’en plus de tousser j’ai de la fièvre. Trente minutes après je reçois un coup de fil du directeur de l’administration générale me disant que mes collègues l’ont appelé pour lui dire que je présentais tous les symptômes du Coronavirus et qu’il fallait que je rentre. Je pensais qu’il plaisantait mais c’était du sérieux».

Elle évoque ensuite «des harcèlements au téléphone» qui l’ont poussée à se rendre à la pharmacie sise à côté du Soleil où elle s’est vue signifier que la prise de température était impossible. Même résultat chez un cabinet de Kiné qui était sur son chemin. Elle s’est alors rendue à la clinique située à quelques mètres du journal, pour se retrouver devant un thermo flash qui affiche «négatif». «Le médecin me reçoit, me consulte et enlève son masque et ses gants pour me prouver que je n’avais aucun signe clinique du Coronavirus. Ma température était de 36°3. Il me demande de retourner au bureau, continuer mon travail et demander à notre directeur de l’administration de l’appeler». Ce que ce dernier aurait fait, pour se voir expliquer, au-delà de l’était de santé de Mme Croquette,  des mesures de prévention sanitaire à prendre pour le personnel et les moyens à mettre en place à cet effet.  «Quelques minutes après, poursuit Mme Croquette, le directeur me rappelle et me dit qu’il y a eu plus de peur que de mal. Mais que vu l’inquiétude de quelques collègues il devait prendre les précautions qu’il faut». 

Mais ce n’était pas fini. Dans l’après-midi, avec l’arrivée de Yakham Mbaye au bureau, la situation empire, rapporte Mme Croquette. «Le Dg demande au directeur de l’administration de me  sommer de quitter le bureau et d’aller me faire dépister à l’institut Pasteur. C’était l’occasion rêvée de me faire dégager, sachant que j’allais refuser, vu que le médecin m’avait consulté  et que je n’avais rien». Restée à son poste jusqu’à 16h30, elle reçoit encore par téléphone une injonction à aller se faire dépister.  «Un acharnement. Mais je suis retournée à la clinique vers 17h30, après le bureau. Quand il s’est rendu compte de mon anxiété, le médecin m’a délivré un certificat médical de 5 jours. Le temps que tout se calme». Au Soleil, le directeur de l’administration générale, M. Ly, informé, demande à recevoir le certificat médical  via Whatshapp. «Il me rappelle dans la soirée, après 19h, pour me demander de lui envoyer le document original durant les heures de bureau, sur instruction du Directeur général. Ce que j’ai fait le lendemain matin». Un coursier dépose le courrier qui sera remis à M. Omar Ndiaye, Responsable du personnel. Mais d’après Mme Croquette, le document est refusé par la Direction générale.

Le 26 mars la Direction générale prononce son licenciement pour «fautes lourdes». 

 

YAKHAM MBAYE, DIRECTEUR GENERAL DU SOLEIL

 

«Je n’accepterai pas que des gens veuillent installer l’anarchie… »

 

«Lorsqu’on se dit travailleur licencié ‘’abusivement’’, on saisit les tribunaux et les juridictions et non la presse. Tout ce qu’elle a dit est totalement faux. Ce qui s’est passé : A 8 heures 50 minutes, les agents du bureau de la publicité et du recouvrement de «Soleil Vdn» m’ont saisi pour dire que Mme Ly Croquette est venue au bureau et s’est plaint d’avoir un état grippal. Qu’elle tousse et a des écoulements nasaux. Juste après, le Directeur de l’administration générale, M. Abdoulaye Ly, m’appelle pour me dire la même chose. A la suite de cet appel, j’ai aussi reçu des appels d’autres agents qui ont manifestés leurs inquiétudes par rapport à ces symptômes.

«Dans l’heure qui suit, le chef de service a adressé une note écrite au Directeur général pour faire le constat de la situation parce que d’autres agents inquiets étaient sur le point de quitter le lieu de travail. J’ai appelé le Directeur de l’administration générale pour qu’il dise à Mme Croquette d’aller se faire consulter au niveau de la structure dédiée. La dame est revenue pour lui dire qu’elle a vu un docteur. Je lui dis : «Est-ce que ce médecin est habilité à faire des tests de détection du coronavirus ?». Elle m’a souligné qu’elle n’avait pas fait cela et qu’elle est dans un état grippal, avec parfois des allergies.

Avant elle, cette situation s’était posée avec deux agents. On leur avait dit de rester chez pour quelques jours. J’ai conseillé à ce qu’on la (Mme Croquette) mette en contact avec l’institut Pasteur ou avec les services médicaux du ministère de la Santé. Elle a affiché un niet catégorique. Comme je n’ai pas le droit de l’empoigner pour l’amener de force se faire dépister, je lui ai dit «Dans ce cas sortez du lieu de travail et vous rentrez chez vous». Ella refusa et resta sur place. Tout cela a été constaté par un huissier. Elle est restée sur place jusqu’à 17 heures en disant à des collègues qu’elle allait se faire confectionner un certificat médical pour s’absenter durant une bonne semaine. A 18 heures 41 minutes elle a envoyé le certificat médical sur le compte Whatsapp du Directeur de l’administration générale. Comment peut-on envoyer un certificat médical à 18 heures 41 mn, non pas dans le bureau de son supérieur mais sur un compte whatsapp ? Son supérieur lui a signifié qu’il ne prendrait pas ce certificat médical.

«Se sentant coincée, elle fait recours au Coordonnateur du délégué du personnel qui est venu le lendemain déposer au secrétariat de la Direction générale le courrier. Ma secrétaire lui a opposé un niet catégorique. Elle s’est absentée durant toute cette période. Tout a été constaté par l’huissier qui lui a délivré sa lettre de licenciement. Dans ce contexte du Covid 19, on ne licencie certes pas pour des raisons économiques, mais pour fautes lourdes, oui. Elle a été licenciée le 26 mars pour refus d’exécuter un ordre donné par le supérieur hiérarchique, insubordination et défiance envers le Directeur général et perte de confiance. Elle a commis trois lourdes fautes. Il y a un rapport circonstancié du chef de service.

«Quoi qu’il advienne je ne vais pas reculer d’un iota sur cette décision parce qu’il s’agit de l’autorité du Directeur général. Sauf si une décision de justice me l’impose, parce que je suis un républicain. Je n’accepterai pas que des gens sous prétexte du Coronavirus veuillent installer l’indiscipline, l’anarchie dans l’entreprise. Je n’ai violé les droits de personnes. Depuis deux ans que je suis au Soleil, je me suis positionné en réparateur des violations des droits des travailleurs».

 

 

OUMAR NDIAYE, DELEGUE DU PERSONNEL

«Nous serons aux côtés de notre collègue»

 

«Depuis que nous avons été informés, le collège des délégués du personnel a entrepris des démarches pour faire revenir le Directeur Général sur cette décision que nous avons jugé illégale. Nous sommes pour l’instant dans une dynamique de dialogue qui est en bonne voie pour trouver une solution à cette affaire.

«Sur les faits, il a été demandé à Mme Croquette de faire un dépistage du Coronavirus alors qu’elle ne répondait pas au protocole établi par le ministère de la Santé. Mieux, Mme Croquette a été consulté par un médecin inscrit à l’ordre des médecins du Sénégal, qui lui a délivré un certificat médical, un document qui fait foi. La Direction Générale a refusé d’accuser réception du certificat médical prétextant qu’il a été remis en dehors des horaires de travail. Le lendemain, j’ai pris soin de déposer, pour Mme Croquette, le certificat médical et la Direction générale a refusé de le réceptionner.

«De toute façon, nous nous sommes inscrits d’abord dans une démarche de dialogue social pour régler cette affaire. A défaut, nous serons aux côtés de notre collègue pour défendre ses droits».

(Walf)

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